A l'Exposition de Berne en 1830, Amélie Munier-Romilly présenta quatre oeuvres (n° 323 à 326 du Catalogue des objets d'art, exposés à Berne pendant le mois de juillet 1830) dont le Portrait de Mr M... [Massot] peintre à Genève (n° 324), décrit comme un grand tableau à l'huile. Dans son compte-rendu de l'Exposition, paru le 29 juillet 1830, le Journal de Genève qualifia le portrait de "vrai chef-d'oeuvre". Une médaille d'or fut décernée à l'artiste (Journal de Genève du 9 septembre 1830). Amélie Munier-Romilly exposa une seconde fois son portrait de Mr M... au Musée Rath à Genève, au Salon de juillet 1832 (Explication des ouvrages de peinture, dessin, architecture et gravure des artistes vivans (sic), n° 128). Le Journal de Genève en fit l'éloge de nouveau : "Si l'on peut reprocher à Mme Munier-Romilly d'avoir, par ses charmans (sic) ouvrages à l'estompe, genre où elle n'a point encore de rival, mis ces opuscules à la mode, il faudrait aussi lui tenir compte de son retour vers un meilleur ordre des choses. Déjà, dans une exposition précédente, son excellent portrait de Mr Massot avait prouvé que cette artiste n'avait pas craint de se livrer àdes dimensions plus vastes, plus élevées, et, partant, d'une exécution plus diffcile." (Journal de Genève du 8 août 1832).
C'est au cours des années 1820 qu'Amélie Munier-Romilly délaissa peu à peu la pratique des petits portraits dessinés à la mine de plomb et au fusain (alors même qu'ils lui avaient valu en effet une notoriété certaine à Genève et à Paris), au profit de formats plus importants, en employant d'autres techniques, telle que l'huile sur toile ou encore le pastel sur peau, procédé qu'elle privilégia tout particulièrement pour les portraits familiaux. C'est par ailleurs une version au pastel du portrait de Firmin Massot qu'Amélie Munier-Romilly offrit dans un premier temps à la Société des Arts en 1858 (Procès-verbaux des assemblées générales et des séances du Comité et de la Société, vol. 6, 1844-1896, séance du 19 février 1858, f. 137) et qu'elle échangea contre l'original à l'huile en 1863 (Procès-verbaux de la Classe des Beaux-Arts, Registre n° 5,1860-1869, séance du 6 novembre 1863, f. 63-64).
Amélie Munier-Romilly choisit de faire poser Firmin Massot assis, travaillant à un portrait sur une toile appuyée contre un chevalet de table, une manière sans doute de représenter son Maître toujours dans la plénitude de son talent, puisqu'ainsi que l'affirmait le Journal de Genève le 29 juillet 1830 : "M. Massot n'a point encore de rivaux en Suisse pour le portrait". Toute l'attention du peintre est ici absorbée par l'élaboration du visage de son ou sa commanditaire. Le pinceau tenu dans la main droite est dirigé vers le haut de la toile et les couleurs posées au bord de la palette appartiennent à la même gamme chromatique de tons clairs utilisés pour les caranations des visages. Dans une lettre qu'il adressa à une jeune artiste qui lui demandait conseil, Massot décrivit l'organisation de sa palette avec précision, en opposant les teintes claires et sombres : " Je fais très peu de teintes intermédiaires, elles ne font que m'embarrasser ; j'aime mieux les faire avec les pinceaux, elles sont plus justes." Les différents pinceaux glissés dans la main gauche soulignent ici la méticulosité de l'exécution du portrait, chaque brosse permettant l'application d'une couleur unique.
Malgré l'absence d'autoportrait, la figure de Firmin Massot nous est familière, grâce aux différents portraits que réalisèrent ses proches, depuis le premier d'entre eux, une miniature dessinée par la soeur aînée du peintre, Jeanne-Pernette Massot-Schenker (1761-1828), qui le représente adolescent, vers 1780. Pierre-Louis Bouvier (1765-1836) ensuite, vers 1807, puis Amélie Munier-Romilly vers 1812, offrirent l'un et l'autre une image informelle de l'artiste (collections particulières). En 1830, c'est une représentation plus solennelle du peintre à son chevalet qui nous est proposée. Ce sont enfin deux émouvants pastels révélant un Firmin Massot âgé, le premier par Munier-Romilly encore, vers 1840, le second par Nancy Mérienne (1793-1860) daté de 1846 qui l'offrit également à la Société des Arts en 1861 (Procès-verbaux des assemblées générales et des séances du Comité et de la Société, vol. 6, 1844-1896, séance du 18 mars 1861, f. 154). Ces deux pastels sont aujourd'hui conservés au Musée d'art et d'histoire de Genève (INV. 1939-145 et INV. Mer.003).
Amélie Munier-Romilly (1788-1875)
Portrait de Firmin Massot (1766-1849)
Huile sur toile.
Haut. 82 - Larg. 71 cm
Collection : Société des Arts de Genève
Amélie Munier-Romilly (1788-1875)
Portrait de Firmin Massot (1766-1849)
Huile sur toile.
Haut. 82 - Larg. 71 cm
Collection : Société des Arts de Genève